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1969 - Evacuation des bidonvilles

 

EVACUATION DES BIDONVILLES - AVRIL 1969


Cas par cas


Monsieur Vincent posa son vélo le long de la grille rouillée. Il entra dans le jardinet où un chien s’étranglait dans sa laisse en aboyant vers lui. La porte du pavillon en briques décrépies s’entrouvrit, laissant apparaître une petite femme peu amène. Avant qu’elle n’ouvrit la bouche, il déclara en portant la main à sa casquette : “Bonjour madame. Visite de sécurité de vos installations de gaz.”. Il entra. Ce 12 octobre 1958, monsieur Vincent a eu de la chance : il n’a pas plu. Il était venu à vélo depuis le Ministère de la Reconstruction du Quai de Passy pour continuer l’inventaire maison par maison de la zone nouvellement dévolue à l’EPAD. Après quelques... déconvenues, il s’est souvent transformé en employé du gaz pour réaliser cette enquête sans inquiéter les résidents. 

Négocier un à un l’achat des 415 ha de terrains et de bâtiments expropriés, prendre en considération chaque cas personnel a demandé beaucoup de temps. Mais ce temps était nécessaire pour éviter les déracinements et les traumatismes.

Vagues mais pas vides

 
Cette enquête a confirmé combien cette banlieue populaire était clairsemée et hétéroclite : les modestes pavillons abritaient quelques 25.000 personnes à reloger le mieux possible sur leur commune d’origine autant que possible.
Il y eut près de 500 établissements industriels et des gros artisans, et 570 commerces à réinstaller rapidement.

 
Pour eux, 55 ha de zone industrielle ont été créés à Nanterre (Les Groux, les Guilleret), à Courbevoie  (Solétanche) et à Villeneuve la Garenne.
A l’époque, sur Nanterre, il y avait de nombreux terrains vagues. Vagues, mais pas vides : ils étaient occupés par des sans-abris qui avaient construit des baraquements. La plupart avait récupéré des caisses en bois cubiques de deux mètres de côté, rapportées on ne sait comment de la cité américaine de l’OTAN de Saint-Germain.
Environ 7.000 personnes vivaient dans ces derniers bidonvilles de France. Bien sûr, elles aussi furent relogées. A leur place aujourd’hui s’élèvent la préfecture et le quartier du Parc.  

Lait frais


L’homme à l’épaisse moustache regarda le dossier ouvert que venait de pousser devant lui monsieur Vincent, assis de l’autre côté du bureau. Il leva son regard vers lui et ne prit pas le stylo tendu.
Monsieur Vincent s’étonna :
- Vous ne signez pas ? Pourtant, vous venez de me dire que vous étiez d’accord sur le prix de vente et pour le relo-gement de votre famille!
- Pour ma famille, oui, ça va. Mais pour mes vaches qu’est-ce qu’on fait ?   
- Vos vaches ! quelles vaches ?...  répondit interloqué Monsieur Vincent.
Eh oui.... Le négociateur de l’EPAD venait de découvrir qu’ici, au Rond-point de La Défense, en 1959, au pied du CNIT, huit vaches vivaient dans une étable au  fond d’une cour. Chaque matin cet homme les trayait pour fournir du lait frais à ses clients.
Il est vrai que sa crémerie s’appelait “La Ferme du Rond-point”. Mais d’ici à imaginer cela...


 

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