1983 - Choix définitif du projet Tête Défense

 

CHOIX DEFINITIF DU PROJET TETE DEFENSE - AVRIL 1983

Concours exemplaire

“De toute ma vie professionnelle, je n'ai jamais passé huit jours si bien organisés”a écrit Renzo Piano dans "Le Monde". L'architecte qui réalisa le Centre Georges-Pompidou peut parler en connaissance de cause : membre du jury international qui jugea la Tête Défense, il est un habitué des grands concours.

Pourtant, Joseph Belmont, Président  de l'EPAD à l'époque,  était inquiet. “Le concours de la Villette vient de mobiliser beaucoup de grands architectes du monde entier. Je ne sais si notre concours attirera autant de candidats...” avoua-t-il à un journaliste. Des candidats ? près de 900 dossiers furent retirés et 424 projets furent présentés. Le jury dut délibérer dix heures par jour pendant huit journées. Heureusement, il était confortablement installé dans le superbe appartement d'Umberto Agnelli au 44ème étage de la tour Fiat.

A l’unanimité

A l’évidence, pour le jury international, ce projet-là émerge parmi les 423 autres. Pourtant, il ne présente qu’une esquisse à main levée qui n’a ni le fini ni la technicité des autres. Mais la simplicité de ce cube évidé, ses faces biseautées vierges de fenêtres, ses nuages intérieurs de verre tissé (ils seront en toile), ses ascenseurs défiant le vide attirent irrémédiablement les regards. Trois autres projets sont choisis et présentés également au Président Mitterrand qui confirme le choix unanime du jury.

Les projets ayant été sélectionnés anonymement, tout le monde attend que l’on dévoile le nom  des auteurs des trois projets primés et surtout celui du lauréat. Et tout le monde est surpris. Parmi les trois projets primés figurent deux français, montrant la vitalité et la qualité de notre jeune architecture. Mais le grand vainqueur, l’auteur du projet lauréat est un architecte danois inconnu, Johan Otto von Spreckelsen.

Perdu dans la nature

Jusque là, l'EPAD, organisateur de ce concours était heureux : tout s'était parfaitement bien passé. Mais alors là... Impossible de joindre le grand gagnant ! Pour se reposer de ses fatigues, il était parti s'isoler dans une petite île scandinave sans téléphone...

Une fois joint, von Spreckelsen se mit très vite au travail avec l'architecte français Paul Andreu, mandataire de la maîtrise d'œuvre : le monument devait être inauguré en 1989 pour le bi-centenaire de la Révolution française. Malheureusement, Paul Andreu finira seul “Le Cube” qui deviendra plus tard “La Grande Arche” : von Spreckelsen décèdera en 1987 en n'ayant vu de son œuvre que les fondations.
Il aurait été fier de savoir qu'aujourd'hui, son monument est l'un des plus visités de France.