Dernières informations

Il reste encore à publier les traductions anglaises sur chaque article de ce blog - 280

1990 - Poursuite du Grand Axe

POURSUITE DU GRAND AXE AU-DELA DE L’ARCHE - AOÛT 1990

Insupportable


Otto von Spreckelsen avait raison. Pour décrire son projet d'Arche, il a composé une sorte de poème prémonitoire sur son panneau de présentation au jury :
Idée
Un cube ouvert.
Une fenêtre sur le monde,
Comme un point d'orgue provisoire
sur l'avenue
Avec un regard sur l'avenir
 (.../...)

Lorsque les curieux se sont précipités pour admirer le monument achevé ils montèrent aussi sur le socle pour mieux voir l'axe majestueux. Puis ils allèrent de l'autre côté porter leur regard sur l'avenir... Le contraste était insupportable. A l'ordonnancement de l'axe vers Paris et à la rigueur plastique de La Défense se substituaient un capharnaüm, un véritable inventaire à la Prévert :  une gare de triage, deux cimetières, une préfecture et une université, un cirque, deux tronçons d'autoroute, un RER aérien, quatre cités HLM, des terrains vagues, des entrepôts, et peut-être un raton laveur...

Le cube ouvert avait aspiré l'axe à travers son trou. L'Arche n'achevait pas la grande perspective comme on le croyait : elle était vraiment un point d'orgue “provisoire” sur l'avenue, sur cet axe qu'il fallait continuer.

Juste réhabilitation


En fait, au cours des décennies, Nanterre n'a pas eu les meilleures parts de ce grand gâteau qu'est devenue La Défense. En simplifiant : à Puteaux et à Courbevoie les bureaux qui rapportent beaucoup de taxe professionnelle et les monuments de prestige, et à Nanterre les voiries qui cisaillent son territoire et les cités HLM qui relogèrent les expulsés des bidonvilles.

La commune était devenue -il faut bien l'avouer- l'arrière-cour du quartier d'affaires, une arrière-cour qu'il fallait maintenant remettre en état.

La mise en valeur de Nanterre n'était même que justice...

Une colonne vertébrale


Le 1er août 1990, dans la torpeur des vacances, les journalistes se pressaient dans les bureaux de l'EPAD à la conférence de presse du Ministre de l'Equipement d'alors, Michel Delebarre qui leur annonça : “Le gouvernement a décidé, à la demande du Président de la République, de poursuivre l'axe historique au-delà de la Grande Arche”. Stupéfaits de cette nouvelle, les journalistes attentifs eurent des précisions. En substance, dans le périmètre d'intérêt national créé en 1958 et dont l'aménagement a été confié à l'EPAD, on allait détruire les tronçons d'autoroute aériens (qui ne servaient qu'à abriter des parkings à moitié vide en attendant depuis plus de 20 ans d'être terminés). L'autoroute A14 serait enfin réalisée, mais en tunnel, dégageant ainsi le terrain, de l'Arche à la Seine, sur 120 mètres de large (plus que l'avenue Foch). Le RER serait enterré sous l'Université et la RN 314 déplacée.

Sur cette emprise dégagée, l'axe historique se poursuivrait en une vaste composition urbaine où la nature serait prépondérante, véritable colonne vertébrale à partir de laquelle Nanterre pourrait se restructurer.

A côté de cet axe prolongé en avenue, l'Etat autorisait l'EPAD à réaliser 1.200.000 m2 de logements (en majorité sociaux), 600.000 m2 de bureaux afin de financer ce gigantesque projet, et 300.000 m2 de locaux liés à la formation.

Quant à l'Université de Nanterre-Paris X, elle serait réorganisée, mieux intégrée, et complétée par d'autres établissements de formation professionnelle et supérieure, comme une école d'architecture.

Pas une “Défense-bis”


...Éblouis, les journaliste titrèrent sur “La Défense-bis”, “Les nouveaux Champs-Elysées” et autres comparaisons qui firent craindre le pire à certains élus de Nanterre. Mais, contrairement à ce qu'ils avaient imaginé, il n'y aura pas de HLM rasées, pas de nouveau quartier d'affaires, mais une ville enfin réhabilitée, réorganisée, embellie, aérée, mieux équipée, mieux desservie, pensée pour ses habitants...

En juillet 1991, pour assister l'EPAD dans l'aménagement de ce secteur, le jury d'une consultation internationale retenait le projet d'urbanisme de l'équipe "Universeine" de Paul Chemetov et Borja Huidobro et deux autres équipes secondes ex-aequo : "BBAB" (Oriol Bohigas, Jean-Pierre Buffi, Pancho Ayguavives et Gilles Bouchez) et "Le Forum de Réflexion" (Roland Castro, Bernard Lamy et Nicolas Normier).

Avant que l'axe historique n'atteigne la Seine, l'histoire de La Défense, du Grand Ouest et de l'EPAD connaîtra probablement bien des rebondissements.

Mais ceci est une autre histoire, une histoire qui est en train de s'écrire.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire