Dernières informations

Il reste encore à publier les traductions anglaises sur chaque article de ce blog - 280

1990 - Concert de Jean-Michel Jarre



 


GRAND CONCERT DE JEAN-MICHEL JARRE - JUILLET 1990


Dix heures d'attente


Muriel est très organisée. Elle est arrivée de Lille à 16 heures avec une chaise pliante et un tube de crème à bronzer. Elle s'est installée au plus près du pont de Neuilly, reservé pour les VIP qui pourront voir le spectacle aux premières loges.

Quelques milliers de fans sont déjà là, désœuvrés, baguenaudant au long de cette avenue étrangement silencieuse depuis qu'à midi la circulation y est interdite sur 7 kilomètres, de l'Arc de Triomphe à l'Arche. Arrivés en un flot continu, 2 millions de spectateurs attendent avec une bonne humeur bruyante que le spectacle commence. Ils sont perchés ou accrochés partout : sur les balcons, les berges de la Seine, les lampadaires... 1500 policiers,14 compagnies de CRS, des pompiers sont là, un peu inquiets devant une telle foule, pour prévenir tout incident.

Inquiétudes


Jean-Michel Jarre aussi est inquiet. Ce concert, il  y travaille depuis 8 mois. Il a réussi à mettre d'accord des hommes aussi différents que Charles Pasqua, Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine et Jack Lang, Ministre de la Culture qui ont financé le concert avec la Ville de Paris, la SARI et l'EPAD. Quelques jours après le spectacle, Hervé Bonnat, l'attaché de presse de  l'EPAD, raconte : “Avec sa gentillesse inlassable, Jean-Michel Jarre a su convaincre tout le monde.  Il voulait que son concert soit une fête populaire, gratuite et ouverte à tous. Certes, l'organisation de ce spectacle a mobilisé tout le personnel de l'EPAD, et nous avons déboursé 10 millions de francs... Mais l'impact de ce concert dans le monde a été tel pour La Défense, que le coût d'une campagne publicitaire équivalente aurait été inchiffrable.”

Au total, ce concert aura coûté 45 millions de francs. Mais les moyens techniques  mis en œuvre sont énormes : la puissance électrique installée spécialement équivaut à 6 fois celle de l'éclairage de la Tour Eiffel ; plusieurs écrans vidéo géants et des centaines de haut-parleurs sont accrochés tout au long de l'axe ; 10 tonnes de feux d'artifice sont prêtes à jaillir du toit des tours ; des ordinateurs vont automatiser une partie du spectacle.

Mais avec toute cette technique,  un pépin est toujours possible... et un arrêt du spectacle devant des millions de spectateurs et téléspectateurs serait une catastrophe.

Muni de son talkie-walkie, Jarre et les 800 personnes de son équipe vérifient tout. Les services de sécurité ont  interdit de tendre un écran gigantesque dans le trou de l'Arche à cause du vent possible. Heureusement, il a été autorisé à accrocher des toile-écrans de 170 mètres de haut sur les tours; les employés ont accepté de travailler avec des fenêtres masquées pendant plusieurs jours.

Géant, dément, fascinant...


22 heures 40. Les tours éclairées en bleu se détachent sur le dégradé rouge du crépuscule. Le concert aurait dû débuter depuis 10 minutes. La rumeur de la foule impatiente augmente. Les VIP finissent de s'installer sur les chaises bien placées sous les huées de ceux qui attendent tassés depuis des heures, bloqués derrière les barrières.

Puis des chiffres géants projetés sur une tour commencent un compte à rebours qui est repris par la foule en une gigantesque clameur... “4, 3, 2, 1, zérooooo!”. Et la magie jaillit de partout.  Les “bien placés” sont environnés d'un son puissant aux graves impressionnants. A gauche, à droite, au fond, des images de plusieurs centaines de mètres carrés s'animent sur les façades.

Là-bas, au loin, près de l'Arc de Triomphe, le son est moins bon et les écrans vidéo géants ne rendent pas toute la magnificence du spectacle. Mais cette fête est magique et tous la vivent comme une communion de deux heures.
Tout se passa bien et le rêve s'acheva.

Il s'acheva par une mauvaise surprise pour beaucoup... La RATP n'avait pas attendu la fin du concert et sans bus ni métro, des centaines de milliers de personnes durent rentrer à pied. Et toute cette foule qui s'évacuait lentement a bloqué les véhicules quittant les parkings. Les dernières voitures en sortirent vers 4 heures du matin...
Mais tant pis. Quelle soirée mémorable !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire